Discours d'ouverture de la séance plénière du 15 mars 2021 par la Présidente

Christine Téqui, Présidente du Conseil Départemental de l'Ariège, communique :

Mesdames, Messieurs, Chers Collègues,

Cette nouvelle séance plénière de notre assemblée ce 15 mars 2021, sur le fond, peu copieuse en nombre de dossiers à traiter, relève d’un contexte bien particulier qu’il me plaît de souligner.

D’abord, pour notre institution, cette séance du mois de mars était traditionnellement consacrée aux votes des taux d’imposition. Moment très particulier où chacun de nous devait trouver dans sa réflexion le bon compromis entre l’effort demandé aux contribuables ariégeois et la qualité du service public proposé aux usagers de ces mêmes services.

Je rappellerai notre position extrêmement vertueuse sur les dix dernières années durant lesquelles, nous-mêmes comme nos prédécesseurs n’avions pas modifié ces taux d’imposition. Nous avons limité l’évolution à l’augmentation des bases, témoin de la dynamique que nous avions su insuffler à notre économie agricole, industrielle, artisanale, commerciale ou résidentielle.

Puis, peu à peu, ce lien s’est distendu. Les mesures adoptées par les parlements successifs de suppression de la Taxe Professionnelle, puis les transferts de la Taxe d’Habitation et du Foncier Bâti ont progressivement fait disparaître toutes nos recettes fiscales à tel point qu’aujourd’hui, nous n’avons plus aucun taux à voter.

Est-ce mieux pour autant pour le contribuable ? Sans doute en apparence car, sur le fond, sa participation financière demeure l’élément de base de la réalité des services publics.

Est-ce mieux pour le Département ? Je pense que non très clairement. Ce lien entre l’impôt et le service public, entre le contribuable et l’usager du service public est ce qui fait la citoyenneté et le citoyen. Les rendez - vous réguliers de respiration démocratique pouvaient entraîner la sanction d’un mauvais équilibre ou des exagérations.

Dans tous les cas, la fiscalité locale devait concourir à la satisfaction des besoins locaux. C’est le principe même de la proximité. En asservissant budgétairement les Départements, comme il l’a déjà fait avec les Régions, l’Etat veut museler l’autonomie locale et rester le seul et unique maître du jeu. C’est une stratégie de recentralisation qui asphyxiera notre Pays.

La preuve, dans cette période de crise sanitaire, économique et environnementale que nous traversons, l’Etat est bien dans l’obligation de solliciter nos territoires. C’est une bonne chose. Elle serait excellente si elle pouvait servir de leçon.

 

Ensuite, cette séance d’aujourd’hui s’inscrit toujours dans le contexte que je viens de citer. Un contexte, où la question sanitaire est centrale et où une question est récurrente, quand allons-nous enfin vaincre ce virus ?

Les mesures de précaution qui ont été prises ont sans doute, pour beaucoup d’entre elles, été légitimes. Il a manifestement manqué une stratégie nationale expliquée, cohérente et légitime. Les consignes d’aujourd’hui ont rarement été celles de demain. Je passe sur la soudaineté et la violence des premières semaines qui peut être excusent certains manques : manque de masques, de gel, de blouses et de sur-blouses, et de places de réanimation.

Mais après, qu’avons-nous fait pendant l’été pour préparer la rentrée de septembre, l’automne, l’hiver et la situation actuelle au niveau de la vaccination ?

C’est certainement sur ce point que ma déception est la plus forte. Que notre Pays n’ait pas pu se hisser à son rang légitime. Que nous n’ayons pas pu démontrer que la France, patrie de Pasteur, de Pierre et Marie Curie, dont on loue la qualité de sa formation et de sa recherche, était en mesure de protéger les siens quand l’occasion lui était donnée, les siens et tous les autres.

Qu’allons- nous tirer comme conclusions de tout cela et comment réagir ? Je ne vois rien se profiler.

Nous dépendons donc du bon vouloir de l’extérieur, soit. Mais qu’avons-nous fait, et que faisons-nous pour rendre accessible cette vaccination, le plus vite et le mieux possible ?

 

Pourtant, il est évident que tous les acteurs publics locaux se mettent à la disposition de l’Etat pour l’aider. Mais la stratégie de l’Etat est tellement incertaine.

Nous avons pris la bonne décision en mettant en place la plateforme d’appel départementale. Je ne reviens pas sur les raisons. Ce que cela nous permet depuis le 20 janvier dernier, c’est bien de constater une certaine forme de continuité dans l’approximation de l’Etat au plus haut niveau.

Ce contexte a d’ailleurs été dénoncé la semaine dernière par Dominique Bussereau, Président de l’Assemblée des Départements de France, dans un courrier adressé au Premier Ministre.

L’existence de notre plateforme départementale, mais aussi le travail de collaboration réalisé ces derniers jours avec l’ARS, au niveau départemental et régional, mais aussi avec Madame la Préfète, vont nous permettre de mieux structurer le dispositif, de concilier au mieux le nombre très important de personnes qui souhaitent la vaccination, l’arrivée des vaccins et les créneaux ouverts par les centres. Dans l’hypothèse où le nombre de vaccins disponibles augmenterait, nous serions ainsi mieux en mesure d’organiser une mise en œuvre rapide, efficace et conforme aux priorités sanitaires.

 

Enfin, cette séance plénière est certainement la dernière de notre mandature. Ce constat me permet d’ouvrir une petite parenthèse et de revenir quelques années en arrière.

En 2015, vous avez été nombreux à prendre place pour la première fois dans cet hémicycle. La réforme mise en place entraînait effectivement plusieurs conséquences, un nombre plus élevé de sièges, la parité, le renouvellement intégral. Conjoncturellement aussi, une génération passait la main, c’est le cours normal de la vie. Nous avons salué ce que nous lui devions, et je n’y reviendrai pas.

Nous avons tous fait route commune pendant ces six années, apprenant à nous connaître, à travailler ensemble, à faire le constat de votre dévouement pour notre territoire et pour ce magnifique Département.

Avec Henri, Président de notre Assemblée, nous avons aussi appris à partager, à hisser le mot respect en haut du mât le plus haut. La route était la bonne, j’ai essayé de ne pas en changer.

Nous avons ensemble engagé de belles choses pour notre Département, pour sa vitalité, pour la qualité de vie et pour la solidarité. De la construction de la Légumerie départementale à l’aménagement de l’ancien Palais de Justice de Foix, en passant par la fibre optique dans toutes les maisons de l’Ariège, même si tout n’est pas achevé, nous pouvons tout de même dire avec un brin de fierté : « J’y étais »

Bien sûr, les années sont longues, la présence et l’investissement de chacun d’entre nous ne sont pas identiques. Mais cela aussi fait partie de la vie.

Je profite de cette occasion qui m’est donnée pour vous remercier au nom de toutes les Ariégeoises et tous les Ariégeois, pour vous remercier à toutes et à tous pour cet énorme travail accompli dans des conditions souvent difficiles. Je citerai bien sûr la crise sanitaire depuis un an, mais je n’oublie pas avant cela la crise d’ego de notre Gouvernement et du Président de la République et la tentative de mise au pas financière de nos collectivités.

Je voudrais aussi tout particulièrement remercier Henri qui siège certainement pour la dernière fois dans cette Assemblée ; une Assemblée qui l’a investi en novembre 2014. Je ne reviendrai pas sur la période que vous connaissez tous de 2015 à 2019. Je n’oublierai pas ce qu’il avait amené déjà auparavant dans sa vision clairvoyante de l’avenir, son combat de tous les jours sur ces bancs ou ceux plus prestigieux, pour la réussite de notre Département.

J’ai évoqué tout à l’heure le dossier du Très Haut Débit. Je sais ce qu’il va nous dire, « ce n’est pas moi, c’est Augustin ». Je n’oublie pas Augustin dans ce dossier. Mais in fine, la vision qu’il nous a fait partager selon laquelle grâce à cette révolution technologique l’Ariège allait avoir la qualité de ses défauts, se réalise aujourd’hui. Nous avons emboité le pas très vite, plus vite que d’autres parce qu’il nous avait sensibilisés à cela. Merci Henri, merci à tous.

Mais ne vous y méprenez pas, ce « merci » ne clôt pas la séance, il ne fait que l’ouvrir. Je ne m’attarderai pas inutilement sur la Décision Modificative n°1 de l’exercice que Monsieur le Président de la Commission des Finances, Monsieur Eric Donzé, nous présentera de manière plus détaillée dans un instant. Je préciserai que cette DM1 est un ajustement de crédits d’investissement par rapport à quelques dossiers qui, pour des raisons particulières, n’ont pu être soldés en 2020 mais qu’il convient de régler au plus vite pour le plus grand intérêt des entreprises concernées.

Nous ouvrons une période où il est impossible d’imaginer une réunion de DM1, fin juin, mais probablement pas non plus en juillet et août. Il est donc nécessaire de régler rapidement ce qui peut l’être.

Hormis ce dossier très particulier, hormis également celui concernant les créations de postes, principalement dédiées aux moyens affectés à la mise en place de la plateforme d’appel COVID-19, c’est surtout sur les rapports relatifs à la transition énergétique et à la politique de l’insertion que je souhaite m’arrêter un instant.

Dès novembre 2019, je vous ai proposé de sortir de nos modes habituels de réflexion et d’analyse pour nous emparer de ces deux thèmes. Ces thèmes, souvent controversés, en toute hypothèse transversaux, il fallait les aborder avec la volonté de remettre en question nos pratiques et nos habitudes, avec le moins possible d’arrière-pensées et de tabous.

Je précise que nous ne voulons donner de leçons à personne, trop conscients que nous avons, sur nos propres politiques publiques, beaucoup de chemin à faire pour prétendre vouloir s’imposer à d’autres.

La crise sanitaire a retardé ce cheminement. Nous y sommes tout de même parvenus et je m’en réjouis.

Pour l’un et l’autre de ces thèmes, nous avons bénéficié d’un accompagnement technique et méthodologique. L’essentiel était, et reste, votre participation.

En guise d’au-revoir pour certains, de période de transition pour tous, je vous propose ces deux rapports qui sont tout le contraire du gadget à la mode ; deux rapports dont les thèmes sont au centre des préoccupations de notre société.

Je ne vais pas abuser de votre temps à vous les présenter, les rapporteurs vont s’en charger. Les conclusions de ces deux rapports, fruit de votre travail en Commissions Prospectives, en Commission des Finances, puis en Conseil Départemental privé, vont vous être soumises pour décision. Elles doivent orienter nos politiques publiques dans ces domaines pour les années et les budgets à venir.

Ces conclusions ont le mérite de montrer une direction à l’échelle de notre territoire et pour notre Département.

Je n’anticipe pas le débat à venir. Je suis simplement satisfaite que cette Assemblée, que vous tous présents aujourd’hui, puissiez encore dire dans les prochaines années sur les thèmes de la transition énergétique et de l’insertion : « j’y étais ».

Je vous remercie pour votre attention.